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Kamala Harris ou la force de la musique sur l’image du politique

Une des grosses news mondiales de ces jours-ci est le désistement de Joe Biden et, par effet de cascade, le fait que Kamala Harris deviennent la candidate Démocrate pour les élections de novembre aux Etats-Unis. Celle que l’on a finalement assez peu vu durant les quatre années de ce mandat se retrouve propulsée sur le devant de la scène et sera peut-être la première femme élue présidente chez l’Oncle Sam.

Quel rapport avec le sujet musical qui occupe mes méninges d’habitude me direz-vous ? Et bien il se trouve qu’une vidéo d’elle a pas mal circulée des jours-ci où on l’aperçoit (au sens américain du terme, c’est à dire avec 25 caméras et journalistes qui vont avec…) à la sortie de chez HR Records, un disquaire de Washington, avec un sac de vinyles sous le bras.

Je vous résume la scène :

Les journalistes : « Kamala, Kamala ! Qu’avez-vous acheté ? »

Elle (étonnée de les voir, telle une actrice hollywoodienne) : « Ah ! Vous êtes là ! Bonjour. Vous vous y connaissez un peu en musique ? »

Elle ouvre le sac et en sort plusieurs albums soul, jazz et funk, notamment le Everybody loves the sunshine de Roy Ayers en précisant que c’est un classique.

Ce n’est pas en France qu’on verrait ça ! Imaginez Gabriel Attal devant un disquaire avec un vinyle de Melody Nelson sous le bras… Vous avez du mal à faire une projection mentale ? Ne vous en faites pas, moi aussi.

Au delà du fait qu’on l’ait déjà vue en train d’acheter du Miles Davis et qu’elle est probablement une vraie mélomane, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la démarche, sa sincérité et le timing de cette vidéo. Vous vous dites que je cherche la petite bête ? Pire, que je suis un hater ? Pas du tout !

Imaginez-vous qu’on vous bombarde candidate du jour au lendemain pour aller affronter Trump, que vous avez déjà un job assez prenant (c’est un euphémisme) et que vous devez lever dans l’urgence des millions de dollars pour votre future campagne mais vous prenez de la hauteur et vous décidez d’aller vous détendre chez le disquaire en achetant quelques classiques pour votre collection... Le tout sous le regard de 25 caméras bien sûr. Rappelez-vous, nous sommes aux Etats-Unis, qui plus est tout tout en haut de l’état. Absolument rien n’est laissé au hasard…

Le coup de com’ est parfait ! Vous ne trouvez pas ? Posons le cadre. C’est une femme, afro-américaine de surcroit, qui va affronter un ogre. Elle aime la musique et particulièrement la « black music » (terme un peu fourre tout mais on voit à peu près de quoi l’on parle) et en plus elle va acheter ses vinyles chez le petit disquaire du coin comme moi ! Elle est vraiment trop cool Kamala, j’ai envie de voter pour elle car on se ressemble.

On nous l’a vendue depuis le début comme « une fille du peuple », en opposition avec les hommes blancs, âgés et millionnaires qui se présentent habituellement aux élections américaines. Quand on sait la puissance de l’image en politique, il est évident qu’on lui en construit une totalement à l’opposée de celle de son futur concurrent. Et comment fait-on pour lui donner une image de femme « normale » (malgré ses responsabilités ), on la filme chez le disquaire avec des vinyles sous le bras en train de faire des recommandations musicales à une poignée de journalistes !

J’essaye souvent de faire passer le message que la musique est un levier fort jouant sur la psychologie des clients d’un établissement et son image en général. L’équipe en charge de la com et de l’image de la Vice Présidente des Etats-Unis semble être d’accord avec moi sur le sujet !

PS : Kamala, si tu me lis, je te souhaite le meilleur pour ta campagne et j’attends avec impatience tes prochains coups de coeur musicaux.