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Tropicalia, l’autre Brésil

Des poètes à l’assaut de la dictature

Marote : Idée fixe, goût obsessionnel pour quelque chose.

Je dois bien avouer que depuis que j'ai découvert un peu par hasard la fameuse compilation "Samba Soul 70" au tout début des années 2000, la musique brésilienne est devenue l'une de mes obsessions.

De manière très classique j'ai commencé par son versant Bossa nova / Bossa jazz et Funk jusqu'au jour où en creusant un peu plus loin le courant Tropicalia s'est révélé à moi. Caetano Veloso, Gilberto Gil, Gal Costa, Os Mutantes, Tom Zé, Rogerio Duprat, Os Brazoes etc., autant d’artistes qui proposaient une musique bien loin des clichés parfois usés jusqu’à la corde des plages d’Ipanema et de la bossa que l’inconscient populaire associe immédiatement à “musique brésilienne”.

Alliant pop, psyché, folk, influences extra brésiliennes (les Beatles en tête) et traditions nationales (bossa, forro, samba, novem guarda) ce courant s'est rapidement imposé dans mes étagères de vinyles. En effet, j’ai autant été happé par la musicalité d’un Veloso ou d’un Gil, par les expérimentations ou le côté loufoque de Tom Zé et Os Mutantes que par le charisme d’une Gal Costa, loin d’être une frêle chanteuse qui susurre derrière un micro…

Ce qui me frappe immédiatement dans tous leurs disques c’est la poésie qu’il s’en dégage. Et c’est sûrement autant un choix qu’un moyen d’échapper à la censure de la junte militaire qui a confisqué le pouvoir de 1964 à 1985. Cette dictature a mis en place un système de vérification de toutes les chansons, films ou livres avant leurs sorties pour éviter toute propagation de la contestation. Il a donc fallu ruser pour les artistes et la poésie a été un bon moyen de tenter de contourner la censure. Cela n’a pas empêché que Veloso et Gil se retrouvent rapidement en prison où les autorités leur ont donné un ultimatum : l’exil ou la prison pour une durée indéterminé. Ce sera Londres où Veloso trouvera l’inspiration pour son album éponyme de 1971 entièrement en anglais.

La nouvelle garde de la musique brésilienne apparue depuis le début des années 2000 (Sessa, Kassin, Domenico Lancelotti, Leonardo Marques, Rôgé, Tim Bernades, Ana Frango, Rodrigo Amarante, Lucas Santtana etc.) ne cessent de revendiquer l’héritage de ces pionniers qui ont révolutionné l”histoire musicale de leur pays. Mais l’influence du Tropicalisme va bien au delà des frontières du Brésil : les Talking Heads ou Beck par exemple se disent influencé par ce courant.

Découvrez dans cette playlist 10 titres qui, je l’espère, vous feront chavirer aussi :

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Cet article (en anglais) de Pitchfork passe en revue ce courant musical qui a laissé de fortes traces chez beaucoup d'artistes, aussi bien brésiliens qu'internationaux.